5.06.2011

Mamans d'ici d'enfants du bout du monde

Salut Guy,

J'ai passé une très belle soirée hier soir en compagnie de 7 autres mamans adoptives. J'ai organisé la soirée afin de rassembler des mamans qui, comme moi, composent avec les défis propres à l'adoption.

La maternité adoptive partage beaucoup de joies et de défis avec la maternité dite biologique. Mais il a tout un pan de l'aventure qui demeure distinct, peu importe le désir des parents et des proches d'accepter l'enfant et de le considérer "comme tous les autres".

- Comment "dealer" avec les troubles de sommeil (plus fréquents chez les enfants adoptés) quand ton entourage te conseille de le laisser pleurer (parce que eux c'est ce qu'ils ont fait-que ça marche-pis que ton enfant y va pas s'en rappeler le jour de ses noces...alors que tous les intervenants et la littérature sur l'adoption te déconseillent fortement de ne PAS le laisser pleurer en pleine phase d'attachement.

- Quand et surtout comment annoncer à son enfant qu'il est né d'une autre mère qui a du l'abandonner ? "Ya pas besoin de savoir ça...ça va le mélanger...c'est toi sa mère" de dire parfois des proches remplis de bonnes intentions...alors que les adultes qui ont été adoptés et tous les intervenants affirment qu'il faut commencer à lui parler de son histoire ...à la sortie de l'orphelinat.

- Comment dealer avec les étrangers, et parfois les connaissances, qui sans méchanceté mais par maladresse, vont énoncer des phrases assassines devant l'enfant troublé et le parent médusé: "Y t'a coûté combien ? C'est-tu des vrais frères et soeurs ? c'est tu un ti-chinois ?...et ma préférée à date, "C'est -tu parce que t'étais pas capable que t'as adopté ?"

Hier soir, nous avons ri et avons été émues ensemble de constater les similitudes de nos parcours, où nous naviguons entre le désir de leur offrir une vie "normale" et celui de respecter leur histoire personnelle. De constater notre chance d'être entourées de parents et amis qui nous épaulent et qui ont, eux aussi, choisis d'adopter nos enfants.

À l'occasion de la fête des mères, je me réjouirai de ma chance incroyable d'avoir pu devenir mère de deux enfants magnifiques, malgré les petits tracas. Mais je ne pourrai m'empêcher d'avoir une pensée pour les mamans de ventre d'Olivier et Mathilde, qui elles, n'ont pas pu le demeurer.

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