4.06.2010

La détresse et l’attachement

Par Christiane

Nous nous remettons tranquillement des événements des dernières semaines (l’hospitalisation de Mathilde pour un abcès dans la gorge).

À partir du moment où nous avons mis les pieds à l’urgence de Ste-Justine, j’ai l’impression d’avoir été propulsée dans un univers parallèle où ma vie d’avant, mes repères, ma vie future, tout était en suspens. Tout ce qui comptait c’était d’enrailler sa douleur, trouver le bobo, guérir le bobo. Puis maintenant qu’elle est (pratiquement) guérie, j’ai l’impression qu’il s’agit d’un mauvais rêve déjà lointain, déjà flou.

Dire qu’il y a quatre mois à peine, Mathilde nous était encore inconnue. Durant toute cette épreuve, je n’aurais pas pu être plus investie ou plus inquiète si elle avait été mon enfant biologique. C’est tellement fort et mystérieux l’attachement. Les premiers jours, en plus de m’inquiéter pour sa santé, je craignais beaucoup que cette situation nuise à l’attachement naissant et fragile qui s’était tissé au fil des quelques semaines passées ensemble. Nous percevait-elle comme ceux qui causaient sa douleur ? Avait-elle l’impression que nous faillissions à notre tâche première, soit de lui procurer sécurité ? Avec le peu de recul que j’ai maintenant je suis persuadée que cette fâcheuse épreuve a accéléré ou renforcé notre attachement mutuel.

Puis il y a Olivier, qui commençait tout juste à bien accepter son nouveau rôle de grand frère. Il a très bien tenu le coup et s’est très bien comporté avec les grands-parents. De notre côté, les rares moments où nous étions à la maison, nous achetions la paix, trop exténués que nous étions pour le discipliner. Et nous nous sentions tellement coupables de « l’abandonner », lui qui était dans notre vie depuis deux ans, pour ce petit être nouvellement arrivé qui avait déjà tout chamboulé. Depuis le retour à la « normale », notre petit homme réagit quotidiennement, et nous devons ainsi naviguer entre la discipline nécessaire afin de rétablir l’ordre des choses, et la compréhension pour lui qui ne comprend pas ce qui est arrivé.

Mais bon, un défi à la fois…et puis nous avons tout notre temps.

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